Depuis plusieurs mois, Chat GPT défraie la chronique : mort de l’apprentissage, fin de l’effort, remplacement des enseignants, fin des devoirs et travaux scolaires…

Chat GPT est un des nombreux agents conversationnels relevant de ce qu’on appelle l’intelligence artificielle (IA). Cet outil repose sur une technique de codage très sophistiquée, qui s’inscrit dans une continuité des conceptions de langages de programmation. Concrètement, le robot génère du contenu – on le qualifie de « génératif » – en réponse à des questions qui lui sont posées. Il est entrainé à partir de calculs de corrélations qui permettent de prédire les chaines de caractères les plus susceptibles d’apparaître de façon logique dans un contexte donné. Autrement dit, l’agent conversationnel ne « comprend » pas ce que vous lui demandez, il n’a pas de connaissance.

La peur, mauvaise conseillère

Les avancées technologiques sont toujours associées à un certain nombre de croyances, et avec Chat GPT on rejoue la grande peur de ne plus avoir besoin d’enseignant-es, de laisser les élèves aux mains d’intelligences numériques, de dégrader les apprentissages. De fait, l’IA questionne notre rapport au monde, au savoir, mais aussi au travail, scolaire ou non, à la production d’écrit.

A table avec Chat GPT !

Plutôt que de craindre cette évolution ou de vouloir, de façon totalement illusoire, l’exclure du paysage, il convient collectivement de nous emparer des questionnements liés à l’utilisation de Chat GPT. Le système sur lequel repose cet outil est particulièrement opaque. Quel pouvoir souhaitons-nous garder sur la machine ? Comment déléguer une recherche d’information à un outil dont on ne sait pas les sources, ni le fonctionnement algorithmique ?

Bien sûr, en posant des questions à cet agent conversationnel, il est susceptible de générer des phrases toutes faites, des plans pré-mâchés… Mais comment croire qu’une machine peut penser à notre place ? Nous sommes uniques, votre enfant est unique, et sa pensée et ses valeurs font sa singularité profonde. Aucune machine ne peut remplacer une personnalité et un rapport personnel au monde, nourris par une expérience vécue.

CONSEILS

  • Il ne s’agit pas d’interdire Chat GPT, mais de prendre ensemble conscience des enjeux, notamment éthiques, que son utilisation suppose.
  • Comme tout outil, Chat GPT peut constituer une aide à l’écriture. Juste une aide. Il faut exercer un regard critique sur toutes les propositions faites par la machine.
  • Il n’y a rien de « magique » dans Chat GPT. Il y a quelqu’un derrière, avec des intentions et des logiques. Parlons-en avec nos enfants : l’éducation au numérique est aussi une éducation à l’éthique.

Anne Cordier, professeure des universités en sciences de l’information et de la communication, université de Lorraine. Membre du comité d’experts de l’OPEN.

 

Cet article a été réalisé par l’OPEN pour le n°446 de « La voix des Parents » dans le cadre de notre partenariat avec la PEEP.

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