A quoi jouent les adolescents ? Partons de trois situations… Tristan, 17 ans, arrive en consultation avec son ordinateur et un jeu pornographique qu’il souhaite montrer. Il explique qu’en cliquant sur le corps de la femme, il est possible de la faire jouir. Kylian, 13 ans, pose sur le bureau un jeu vidéo de guerre dont la jaquette arbore, tenant une kalachnikov, une femme… en sous-vêtements, et demandant si ce jeu que sa mère vient de lui payer convient à son âge. Fabio, 12 ans, amène son téléphone portable pour montrer un hentaï récupéré par Bluetooth dans le bus scolaire, soulevant des questions précises sur son rapport aux filles.

Comment les adolescents font-ils avec les outils numériques qui proposent un accès à la pornographie facilité ?

« Internet is for porn », telle est l’adage fréquemment retrouvée sur les forums pointant l’hypocrisie de l’usage d’Internet. En effet, ces dernières années, l’accès à la pornographie s’est digitalisé, avec un usage sur ordinateurs et smartphones ayant supplanté les revues et films X. L’anonymat, la portabilité et la rapidité d’accès à une source favorisent la vision de « tubes » ou autres production X (jeux, Hentaïs*…).
Ces visionnages sont courants chez les adolescents, notamment chez les garçons à partir du milieu du collège, quand la puberté apparaît et que les interrogations autour de la sexualité se font pressantes. Les adolescents ont toujours été avides d’images ou d’histoires qui puissent les renseigner sur la façon d’entrer en relation avec l’autre, surtout à cette période de changements pubertaires et d’appropriation de leur corps propre. En effet, l’enjeu majeur de l’adolescence est de comprendre et contenir une sexualité émergente et intriguante. Le jeune doit faire avec son corps et ses possibilités nouvelles de plaisirs et de liens aux autres. Aujourd’hui, les adolescents recherchent facilement toutes ces informations concernant la sexualité sur Internet, support moins honteux pour certaines questions. Les visionnages de vidéos X peuvent alors être volontaires, par des recherches de mots-clés explicites. C’est de cette façon que les adolescents tombent sur des sites pornographiques logiquement interdits aux mineurs.

Toutefois, c’est au jeune lui-même qu’il est demandé de cliquer pour valider son âge avant de rentrer sur le site en question. Evidemment, celui qui cherche ces images ne va pas s’arrêter là… Il existe donc à l’heure actuelle une grande facilité d’accès à des vidéos pornographiques sur des plateformes de vidéos classiques (YouTube par exemple) ou bien spécialisées (pornographique).

Mais qu’en est-il des très jeunes enfants ou enfants prépubères confrontés à des images intempestives, des publicités ou spams avec des contenus pornographiques.

Ce type d’images peut heurter l’enfant quand il ne s’y attend pas : il n’est pas préparé à la confrontation à ces images, ce qui peut faire violence et se traduire en questionnements, inquiétudes, voire angoisses. Si les enfants ont honte ou peur et n’osent pas en parler à des adultes de confiance, cela peut déclencher des troubles apparents (difficulté d’endormissement, cauchemars, pleurs, irritabilité, colère…). Il faut toutefois noter que les adolescents peuvent, même en cherchant activement du contenu pornographique, se retrouver choqués par des scènes qui dépassent leur imaginaire. L’accompagnement est aussi nécessaire pour détoxiquer ces images et permettre de décrypter le caractère fictionnel de ces productions de l’industrie pornographique. C’est le cas par exemple de Tristan, Kylian ou Fabio, qui viennent chercher de la réassurance auprès d’un adulte en capacité de répondre à leurs questions embarrassantes et anxiogènes.

Ainsi, même si les adolescents rêvent de jouer aux jeux du hasard et de l’amour, il semble nécessaire de proposer un accompagnement pour éviter ces rencontres non adaptées avec le X ou au moins leurs conséquences néfastes.

Le premier engagement va dans le sens d’actions politiques tel le plan de lutte contre la maltraitance des enfants présenté par la Ministre Laurence Rossignol le 01/03/2017, qui propose un point spécifique concernant la pornographie : « prévenir l’exposition des mineurs à la pornographie ».

A ce propos, les résultats de l’enquête IFOP menée sous l’égide de l’OPEN donneront quelques réponses actualisées concernant les usages de la pornographie chez les adolescents.