Dans un monde où les applications de géolocalisation sont à portée de main, la tentation de savoir où se trouve son enfant à chaque instant est devenue réalité.
Mais derrière ce confort technologique se cache une question complexe : la géolocalisation protège-t-elle vraiment nos enfants ? Et à quel prix pour la relation parent-enfant ?
Pour la plupart des parents, le recours à la géolocalisation ne relève pas d’une surveillance intrusive. Il répond à une inquiétude légitime face à un monde perçu comme incertain. Les chiffres le confirment : selon une étude OPEN – Ipsos de 2024, la géolocalisation arrive en tête des fonctionnalités de contrôle parental jugées importantes par les parents, devant la gestion du temps d’écran. En France, 32 % des parents utilisateurs d’un outil de contrôle parental activent cette fonction.
Cette technologie agit comme un « pansement numérique » sur des angoisses réelles : et s’il lui arrivait quelque chose ? Et s’il n’était pas où il prétend être ? Savoir devient rassurant.
Quand la donnée remplace le dialogue.
La géolocalisation transforme la confiance en vérification. La question « Où étais-tu ? » n’est plus posée, la réponse est déjà affichée sur un écran. La donnée devient une preuve irréfutable qui court-circuite l’échange. Le message implicite reçu par l’enfant est donc : « Mes parents ne me font pas confiance. » Ce glissement abîme progressivement la confiance réciproque. L’enfant n’est plus réellement accompagné, il est surveillé et il cesse alors de raconter : pourquoi le ferait-il, puisqu’on sait déjà ?
Un frein à l’autonomisation.
Le rôle de l’adulte est d’accompagner l’enfant vers son autonomie. La géolocalisation, lorsqu’elle est imposée ou intrusive, peut être vécue par les adolescents comme une infantilisation qui entrave leur capacité à explorer, et à apprendre à s’autoréguler.
Finalement, l’OPEN rappelle que les outils de surveillance ne garantissent pas la sécurité et ne doivent jamais se substituer à l’accompagnement parental. Savoir où est son enfant n’empêche pas qu’il lui arrive quelque chose. La vraie protection se construit dans la qualité du lien, dans la capacité de l’enfant à identifier un danger et à revenir vers ses parents en cas de difficulté.
Cet article a été réalisé par l’OPEN pour le n°470 de « La voix des Parents » dans le cadre de notre partenariat avec la PEEP. Découvrez les autres rubriques.