De tout temps, les vacances sont des parenthèses provisoires et attendues, l’interruption du temps du travail pour les parents et de l’école pour les ados. Moment de répit et, en quelque sorte, de fête, l’ordre quotidien est suspendu. La norme change de visage, et les usages des écrans se transforment alors, en s’ajustant à leur nouveau contexte…

Décrocher. Oublier le quotidien, en se laissant transporter par la narration rythmée de sa série préférée. Scroller en perdant le sens du temps, dans l’accumulation de vidéos éphémères. Ne nous leurrons pas. Dans un monde où le quotidien est parfois vécu par les ados sous le signe de la performance et de la pression, tout ce qui fait rupture devient synonyme de pause méritée, d’un décrochage provisoire, de l’arrêt espéré du sentiment insupportable d’être inquiet dans un monde incertain. La consommation d’images peut alors être associée au relâchement et à la relaxation. Elle a pour caractéristique d’intensifier le sentiment d’être en vacances, en particulier lorsque les contenus sont légers, vains, simplement drôles et divertissants.

 

Relâchement et relaxation

Les écrans sont aussi les miroirs de ces vacances passées loin de chez soi, en bonnes compagnies. Pour les ados, qui ont été socialisés à la mise en scène du bonheur, ils offrent la possibilité du partage en temps réel d’un moment qu’ils auraient aimé vivre avec des amis éloignés. Il n’y a plus de scènes qui échappent au regard des pairs appréciés, même lorsque les parents les éloignent physiquement. La story, c’est parfois l’extrait d’un temps de vacances, manière de poursuivre le dialogue et l’échange, de se retrouver avec qui ils auraient voulu être, s’ils avaient eu le choix…

 

Un écart entre deux visions

Mais ados et parents ont-ils la même représentation de ce que signifie les vacances et le rôle que devraient y jouer les écrans ? S’ils sont probablement d’accord sur l’importance de « décrocher », la place que devrait prendre les écrans dans cet exercice ne fait pas l’unanimité. L’écran qui repose pour l’ado est parfois l’écran qui s’impose pour le parent. L’écran qui rapproche pour l’ado est l’écran qui éloigne souvent selon l’adulte. Le problème qui surgit consiste précisément dans un écart entre deux visions de ce qui se cache derrière le masque de l’écran. Encore une fois, c’est la difficulté d’accéder au sens que donnent les ados aux usages des écrans qui vient s’immiscer dans les relations familiales, au risque de transformer les vacances en temps de prise de tête !

Pour aller plus loin :

Jocelyn Lachance, maître de conférence en sociologie à l’université de Pau.

Cet article a été réalisé par l’OPEN pour le n°449 de « La voix des Parents » dans le cadre de notre partenariat avec la PEEP.

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