90% des parents craignent que le numérique crée une dépendance des enfants. Pourtant, les parents sont souvent les premiers à faire des entorses.

Nous voilà déjà en février : alors, ces bonnes résolutions, ça boume ?! Vous avez déjà des abdos d’acier et vous n’avez pas levé la voix sur vos enfants une seule fois depuis le début de l’année ? Vos ados ont tous délaissé Animal Crossing et Minecraft pour lire les grands classiques de la littérature ? Félicitations !

Ah, si seulement c’était comme ça en réalité… Pas la peine de prendre l’air penaud, on en est tous au même point…

On s’était promis d’être FERMES, ultra-fermes : « les enfants, pas d’écrans après 21h… après 21h05… après 21h30… ». On s’était promis de ne pas rester scotchés sur Facebook, pour montrer le bon exemple.

Et puis la vie « normale », avec son lot d’imprévu et de stress, a repris le dessus. Alors comment faire ? Est-ce qu’on baisse les bras, un mois après le Nouvel An ? Pas si vite. Et pas besoin non plus d’attendre le nouvel an prochain pour reprendre les choses en main.

La « dépendance aux écrans et aux réseaux sociaux », la bête noire des parents

À l’OPEN, nous le constatons à chaque rencontre avec les parents : la préoccupation numéro 1, c’est la « dépendance » aux écrans, au smartphone et aux réseaux sociaux. Une majorité écrasante de parents s’inquiète de voir le temps que leur enfant passe sur les écrans, notamment dans le cas des ados, de leur smartphone et des applis de réseaux sociaux, Snapchat, TikTok, Yubo et tutti quanti.

(Non, « Tutti Quanti » n’est pas le nom d’un nouveau réseau social. Pas encore.)

Selon une enquête IFOP-Médiamétrie pour l’OPEN et l’UNAF,
95% des parents pensent que le numérique peut déclencher des troubles comportementaux chez l’enfant;
90% des parents craignent que le numérique crée une dépendance des enfants.

Pourtant, cette inquiétude des parents n’est que l’arbre qui cache la forêt. Si on va voir ça de plus près, on se rend compte que la réalité est plus complexe.

C’est ce qui ressort notamment de l’étude qualitative réalisée pour l’OPEN par les chercheurs d’Anthropoado.

1. Cette année, promis, j’arrête de faire constamment des entorses à mes propres règles

« Y’a toujours des circonstances qui font que » – Jenny, 39 ans, maman de deux enfants de 5 et 11 ans.

Ah, les « circonstances qui font que » ! Jenny, l’une des mamans interrogées dans notre étude, appuie là où ça fait mal. Nous parents, nous édictons des règles, mais il existe beaucoup de zones grises… et nous sommes les premiers à céder!

Non, pas d’écrans… Mais si l’attente est longue dans la salle d’attente du médecin ? Mais s’il pleut à seaux et qu’on ne peut pas sortir ? Mais si le trajet en voiture est interminable ?

Le plus drôle, c’est que les parents interrogés dans l’étude sont tout à fait capables de réciter la liste exacte de ces fameuses circonstances. Nous pouvons prédire parfaitement quand ces entorses vont avoir lieu.

Ce qui veut dire qu’il ne tient qu’à nous de prévoir des solutions de repli sans écrans pour faire face à ces « circonstances qui font que » sans contrevenir à notre règle.

2. Cette année, promis, je me simplifie la vie en restant ferme

Stéphanie, une autre maman qui a participé à notre étude, justifie ainsi le fait de ne jamais assouplir les règles :

« Le problème c’est que quand on a dérogé quelques fois à ces règles, c’est vite le bazar. Donc, non, il faut être assez strict là-dessus. Sinon, elles sont perdues et nous aussi. Et si on fait une exception, après on négocie tout le temps ». (Stéphanie, 39 ans, mère de deux enfants de 9 et de 12 ans).

Oui, nous aussi, on est perdus ! Autrement dit, une fois la règle clairement posée, on aura probablement besoin de serrer les dents au début pour la faire respecter, mais sur le long terme, on se simplifie la vie.

Surtout si on a prévu son coup à l’avance pour affronter les fameuses « circonstances » dont nous parlions ci-dessus…

3. Cette année, promis, je n’ai pas peur qu’il s’ennuie

Certes, on aimerait bien avoir des enfants sages comme des images, des frères et sœurs qui ne se disputent jamais, des ados qui ne hantent pas chacune des pièces de la maison comme des âmes en peine en répétant « Qu’est-ce que ch’peux faire, chais pas quoi faire… ».

L’ennui guette… Et ça n’est pas la fin du monde. Joséphine, 42 ans, mère de deux enfants de 6 et de 9 ans, l’a bien identifié, notamment pendant les longs trajets en voiture :

« On essaye de réguler en disant : “tu fais des jeux, tu machin, tu t’ennuies, tu t’ennuies, c’est pas très grave. Tu t’ennuies, tu regardes le paysage, tu peux discuter avec ton frère”, souvent ça part en dispute au bout d’un moment, mais ça on l’a tous vécu. »

Oui, on l’a tous vécu, et comme on se plaît à le répéter, quand nous-mêmes étions enfants, y’avait pas internet ! Il est donc possible de se débrouiller sans avoir automatiquement recours aux écrans.

Oui, les enfants sont remuants. Mais quand les écrans deviennent une camisole numérique pour les neutraliser, c’est à nous parents de nous interroger : après tout, un enfant remuant, c’est un enfant tout ce qu’il y a de plus normal…

3. Cette année, promis, je regarde mes propres contradictions en face

Un autre enseignement intéressant de l’étude Parentalité Numérique, c’est que les parents ne sont pas en reste question contradictions et incohérences.

« Lâche ton téléphone… Mais sois constamment joignable ! Réponds à mes messages! Dis-moi où tu es! »

« Le smartphone, c’est Satan… Mais tu auras le nouvel iPhone pour ton anniversaire ! »

Ahem, les parents, ça fait pas bien sérieux tout ça… Avons-nous vraiment un besoin vital de savoir à chaque instant où se trouve notre enfant ? Ou bien est-ce qu’on veut plutôt tromper un moment d’ennui ou de stress au bureau en entendant la voix de son enfant ?

4. Cette année, je reconnais aussi quand mes enfants font de leur mieux !

Et pour finir, une remarque très intéressante d’une adolescente qui a participé à notre étude : « Mes parents ne voient pas que je fais un effort ! » La jeune fille exprimait sa déception : ayant pris conscience elle-même des effets néfastes du trop d’écran, elle avait décidé de lever le pied.

Elle a raconté l’épisode suivant : après avoir passé plusieurs heures à lire et à écrire dans sa chambre, elle est descendue au salon se connecter à internet via l’ordinateur familial. La remarque des parents n’a pas tardé : « Ah, mais tu es encore sur les écrans ! ».

Nous sommes parfois tellement obnubilés par le temps d’écran que nous ne voyons pas les efforts réels et sincères de nos enfants

Allez hop on se remet en selle! Il n’est pas trop tard pour bien faire en 2021.

Est-ce que ce sera l’année où on arrive finalement à plus de sérénité autour des écrans ? En tout cas nous vous le souhaitons ! L’OPEN sera encore une fois à vos côtés pour répondre à vos inquiétudes et vous aider à trouver des solutions qui marchent dans la vraie vie – celle des « circonstances qui font que… ».

Par où commencer ?
Pourquoi ne pas écouter ou réécouter nos Petites Causeries du Numérique ? 11 épisodes sur les problématiques qui vous préoccupent, où des experts répondent à vos questions.