Les parents craignent que le relâchement des règles familiales autour des jeux vidéo pendant le confinement se paie au prix fort…

 

Gérer à la fois l’ennui des enfants, notre stress, et pour certains le travail à la maison, pas évident… On avait bien essayé d’édicter des règles, mais cette période exceptionnelle et bizarre a fait qu’il était difficile de s’y tenir.

Si nos enfants ont passé beaucoup plus de temps à jouer aux jeux vidéo, sont-ils devenus accros ?

Pour ceux qui travaillent à la maison comme pour ceux qui ont continué à travailler, il était impossible d’avoir l’oeil sur les enfants 24h sur 24. Ils se sont donc retrouvés livrés à eux-mêmes pendant les heures de travail. Résultat, les parents ont doublement culpabilisé : de ne pas s’occuper assez de leurs enfants, et de ne pas être assez productifs au travail…

L’autre question qui se pose, c’est : de toute façon, que pouvait-on bien leur proposer d’autre que les jeux vidéo ? On ne pouvait pas sortir (et on ne va pas vraiment pouvoir pendant encore un moment), tout est fermé, ils ne peuvent pas voir leurs copains… Même avec le déconfinement progressif et le retour à l’école, les contraintes liées à la pandémie vont encore se faire sentir.

Pendant le confinement, nos enfants sont-ils devenus accros aux jeux vidéo, compromettant leur bien-être, leurs résultats scolaires et leur avenir ?!

Est-ce que le mal est fait ? Est-ce que mon enfant va pouvoir “décrocher” des jeux vidéo ?

Les médias parlent trop souvent des jeux vidéo avec sensationnalisme, comme ce phénomène dangereux qui transforme nos enfants en petits sauvages.

Bruno Rocher, psychiatre addictologue au CHU de Nantes, rappelle que, sur l’ensemble des gens qui jouent aux jeux vidéo, 1% environ sont en situation de dépendance ou de trouble grave (personnes qui jouent toute la journée, n’arrivent pas à arrêter, ce qu’on décrit souvent comme une « addiction » aux jeux vidéo).

10% des joueurs sont dans une situation limite – ils ne sont pas « accros » mais jouent un peu trop et pourraient basculer dans un usage excessif des jeux vidéo dans certaines conditions.

Ce qui veut dire que 90% des gens qui jouent aux jeux vidéo n’ont pas de problème avec.

Autrement dit, dans l’immense majorité des cas, pour les personnes saines et équilibrées, les jeux vidéo ne présentent aucun danger et sont un passe-temps comme un autre.

Il faut bien comprendre que les jeux vidéo en eux-mêmes n’ont pas de pouvoir mystérieux qui transformerait les joueurs en “addicts”. Jouer plus aux jeux vidéo à cause du confinement ne va pas automatiquement transformer votre enfant en cas clinique.

Les jeux vidéo prennent plus ou moins de place dans la vie des gens selon les autres activités et occupations qui remplissent leurs journées.

Avec le déconfinement progressif, l’immense majorité des joueurs, quel que soit leur âge (les parents, on vous voit!) sera enchantée de pouvoir ENFIN sortir, retrouver ses amis, aller se balader…

Et les jeux vidéo seront tout d’un coup beaucoup moins intéressants.

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Assouplir mais pas céder

Certes, il ne faut pas céder complètement, mais ce n’est pas gravissime si votre enfant passe plus de temps à jouer aux jeux vidéo par les temps qui courent. Par contre, il faut bien insister sur une hygiène de vie « minimum » :

  • hygiène corporelle – pas question de jouer toute la journée aux jeux vidéo en pyjama ;
  • hygiène alimentaire – on interrompt le jeu pour les repas en famille ;
  • hygiène physique – on sort faire sa promenade quotidienne autant que possible, on essaie de prendre un peu l’air.

Le simple fait de jouer aux jeux vidéo ne crée pas à lui seul la dépendance. La dépendance arrive quand les jeux vidéo sont le seul horizon du joueur et une façon de fuir les problèmes. Alors oui, on peut avoir l’impression que le jeu vidéo est « le seul horizon » pendant le confinement et qu’on est sur une pente glissante.

Pas de panique : le confinement aura une fin, et nos enfants seront contents de pouvoir sortir à nouveau. Les jeux vidéo seront moins attirants quand il y aura à nouveau des alternatives !

Ce qui est important, c’est de continuer à échanger avec vos enfants, même si pour le moment, tout tourne autour de leur jeu préféré (surtout s’ils ont commencé à jouer à Animal Crossing : New Horizons).

On a tous des enthousiasmes passagers : demandez à tous ces gens qui se sont soudain découvert une passion dévorante pour la pâtisserie ou la fabrication de pain pendant le confinement !

Montrer à son enfant qu’on est à l’écoute, lui témoigner de l’intérêt (même si, on l’avoue, dans le cas de son jeu vidéo préféré, c’est parfois un peu forcé…), c’est le meilleur moyen de faire en sorte qu’il continue à se confier et qu’il ne se sente pas isolé et incompris.

C’est ce lien de confiance qui le protège le plus efficacement contre une éventuelle (mais peu probable) dérive vers un usage excessif des jeux vidéo.

Le temps que les enfants passent à jouer aux jeux vidéo n’est pas un test de parentalité et nous n’avons pas échoué à l’examen !

Ce qui importe beaucoup plus, c’est de cultiver des moments ensemble et de faire preuve de compréhension et d’empathie – avec eux, et avec nous-mêmes.

Comment gérer le retour à l’école ? Ça va être chaud…

Que faire dans le cas des enfants et des ados ?

Comment leur faire comprendre que bientôt il va falloir retourner à l’école ou au lycée – et qu’il va falloir trouver la motivation de se remettre à étudier ?

C’est vrai que, face aux jeux vidéo, être obligé de réviser pour les contrôles et essayer de trouver la motivation pour quelque chose de rébarbatif va être difficile…

Autrement dit, il faudra faire ce qu’on fait tous les ans en septembre, après deux mois de grandes vacances où ils ont fait un peu ce qu’ils voulaient…

Il y aura une période de transition, puis la routine reprendra son cours – avec bien entendu son lot de conflits et de règles à renégocier.