De Thibauld Mathieu – Europe 1.

Selon un sondage publié lundi, le smartphone est désormais le support le plus utilisé par les adolescents pour visionner un film X. Ce qui ne manque pas de compliquer la protection des mineurs.

Les films pornographiques ont beau être interdits aux moins de 18 ans, un tiers des 13-14 ans en a déjà vu un, selon un sondage de l’Ifop publié lundi. Dans la quasi-totalité des cas (96%), cette consultation s’effectue sur des sites de streaming gratuits. Et le téléphone portable est désormais le support le plus utilisé pour visionner des vidéos (chez 40% des garçons et 26% des filles), devant l’ordinateur et la tablette. « Limiter l’accès aux sites ou aux images pornographiques pour les enfants devient ainsi de plus en plus compliqué », explique Thomas Rohmer, président de l’Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique (OPEN).

En quoi l’usage du smartphone rend-il plus difficile la lutte contre l’accès des sites pornographiques aux mineurs ?

« Il est clair que le smartphone complique énormément les choses. C’est aussi l’intérêt de l’étude, car il n’y avait pas eu de sondage sur un échantillon exclusivement mineur depuis presque quatorze ans. Depuis, les usages ont changé et les enfants ont des smartphones de plus en plus jeunes (10 ans environ selon une étude de la firme américaine Influence Centrale, ndlr). Le fait qu’ils aient un smartphone dans la poche tout le temps sur eux, ça complexifie surtout les choses pour les parents, qui doivent individualiser leur accompagnement. Plus il y a d’outils, plus c’est compliqué. Malheureusement, les enfants risquent de plus en plus d’être confrontés à ces images, que ce soit volontaire ou involontaire. »

Quelles solutions, dès lors, peut-on envisager pour éviter que de que des enfants tombent sur ce genre d’images ?

« La difficulté est surtout d’ordre technique. En Grande-Bretagne et en Israël, ils sont en train de prendre des mesures drastiques, en tentant carrément de faire disparaître le porno du web en instaurant un contrôle sévère. Le but, ce n’est pas de censurer. Mais il faut absolument qu’on trouve une parade technique, même si elle ne sera jamais efficace à 100%. Nous devons notamment en discuter mardi, lors d’un groupe de travail initié par le ministère de la Famille, dans le cadre du plan gouvernemental contre les violences faites aux enfants, en présence notamment des fournisseurs d’accès, de la CNIL, du CSA et du ministère de l’Intérieur. Personnellement, je ne suis pas un fervent défenseur du contrôle parental, qui est souvent utilisé comme la solution miracle. Mais déjà, trop peu de parents l’utilisent dans les faits. Les adultes ont une large responsabilité dans la mesure où ce sont eux qui éduquent leurs enfants. L’acquisition d’un smartphone nécessite un accompagnement. Il faut faire de la prévention sur ces sujets-là, même si c’est très difficile. »

Que doivent dire les parents à leur enfant lorsque celui-ci acquiert un smartphone pour la première fois ?

« Il faut lui faire comprendre qu’il peut tomber sur des contenus choquants, qu’il n’y est pour rien et qu’il faut qu’il en parle. Il faut aussi faire passer le message que le porno est une fiction, au même titre que, quand Bruce Willis qui tue 75 personnes dans un film, cela ne reflète en rien la vie réelle et qu’il ne faut donc pas le reproduire. »

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