Retrouvez notre étude Parents, enfants et numérique qui mesure l’impact de la crise sanitaire sur les comportements numériques au sein des familles réalisée par l’IPSOS en partenariat avec l’Unaf et soutenue par Google.

Dans le cadre du Safer Internet Day*, déployé dans plus de 150 pays, l’association OPEN, en partenariat avec l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) et l’IPSOS publie son enquête :  « Parents, enfants et numérique** » une photographie détaillée des comportements et pratiques numériques des familles après la crise sanitaire.

Une consommation d’écrans en nette hausse

Le premier constat de cette étude est sans surprise : les clics ont augmenté pendant les différents confinements ! La consommation numérique s’est accrue de 44 % pour les parents, contre 53 % pour les enfants, avec pour ces derniers, une nette hausse des activités vidéo ludiques. Leur trio préféré reste : regarder des vidéos sur les plateformes (pour la moitié d’entre eux), écouter de la musique et regarder des clips (pour 47 %) et jouer aux jeux vidéo (pour 46 %).

Activités numériques : des différences importantes de perception entre parents et enfants

L’un des points notables de l’étude, est la très nette différence de perception entre les parents et leurs enfants ; les parents sous-estiment très largement les activités numériques de leurs enfants et cette méconnaissance s’accroît chez les enfants les plus jeunes. 27 % des parents interrogés indiquent que leur enfant, âgé de 7 à 10 ans, utilise un smartphone alors que les enfants déclarent être 52 % à le faire ! La vision des risques est également très différente. Les parents évoquent des risques sociaux comme la dépendance (51 %) ou le cyber harcèlement (49 %) alors que les enfants parlent de problématiques sanitaires (maux de tête pour 53 %, difficultés d’endormissement, 42 % ou passivité, 39 %).

Cette différence de perception s’explique probablement par le manque de dialogue parents-enfants quant à leurs pratiques numériques ; et nous le constatons largement sur le terrain.  Les parents demeurent arc-boutés sur la maîtrise et le contrôle des outils au détriment de l’éducation et des contenus.

Le contrôle et le flicage toujours devant le dialogue

Un chiffre de l’étude nous a particulièrement alerté : 41 % des parents ont déjà utilisé un logiciel d’espionnage (dont 30 % en concertation avec leur enfant) soit une progression de 70 % en 2 ans. On ne parle plus ici de contrôle mais de flicage ! Pour Jocelyn Lachance***, membre du comité d’experts de l’OPEN et spécialiste des nouveaux usages numériques, « les parents s’informent de plus en plus aujourd’hui à travers les traces. Les données remplacent peu à peu les échanges, ce qui accentue la disparition du dialogue ». Selon lui, la géolocalisation en est la meilleure illustration.  « Dans ce cas, impossible de contester les données, c’est la fin des ‘’rituels d’aveux’’, où l’adolescent essayait de sauver la face en cas de mensonge, mais intégrait la règle lors de la discussion parentale. » Pour le socio-anthropologue, le risque est de faire ainsi disparaître les échanges.

« … les parents s’informent de plus en plus aujourd’hui à travers les traces. Les données remplacent peu à peu les échanges, ce qui accentue la disparition du dialogue… »

Jocelyn LachanceSociologue membre du comité d’experts de l’OPEN

Si le dialogue d’une manière générale (et notamment sur les contenus) apparaît comme le grand perdant de l’éducation au numérique, la prise de conscience d’une hyper connexion existe néanmoins.  77 % des parents trouvent leur propre consommation excessive (et ils sont 78% à le penser pour leurs enfants). Quant aux enfants, ils sont 62 % à reconnaître passer trop de temps devant leurs écrans. Cette hyperconnexion est jugée excessive pour les adolescents, par 87 % des parents. « Cette conscience d’une surconsommation numérique exprime chez les adolescents un désir de déconnexion, explique Jocelyn Lachance, encore faut-il percevoir ce désir ! » Le socio-anthropologue met clairement les parents face à leur propre consommation numérique « si les parents sont eux-mêmes dans l’incapacité de se déconnecter, difficile alors d’évoquer la déconnexion chez leur enfant. » 42 % des parents interrogés ont du mal à limiter le temps d’usage des écrans de leurs enfants, mais 41 % peinent à montrer l’exemple en diminuant leur propre temps d’écran.

Cette conscience d’une surconsommation numérique exprime chez les adolescents un désir de déconnexion, explique Jocelyn Lachance, encore faut-il percevoir ce désir !

Un besoin d’accompagnement important des familles

Devant ces difficultés, se pose la cruciale question de l’accompagnement, mais s’agit-il de l’accompagnement des parents ou des enfants ? Certes, près d’1 parent sur 2 ne se sent pas suffisamment accompagné, mais seul 1 parent sur 4 se dit prêt à adapter son comportement numérique.

Comme pour de nombreux sujets, l’exercice de la parentalité dans les différents univers numériques obéit aux mêmes règles : amener son enfant à l’autonomie et la responsabilisation plutôt que le flicage et l’hyper contrôle. Alors ? Intéressons-nous à ce que regardent nos enfants sur leurs écrans, tentons la voie de l’exemplarité dans nos propres comportements numériques, cela ouvrira plus facilement la porte au dialogue et aux échanges. Ce n’est pas si compliqué ! Et si nous troquions le temps passé sur notre compte insta par une séance de Mario Kart en famille ?  Pas encore prêts à cette concession ? Nous sommes certains en revanche que vous ne résisterez pas à tester des « choré endiablées » avec votre petite dernière … Essayez … entre les fous rires vous constaterez que les échanges s’enclencheront beaucoup plus facilement…

Les chiffres à retenir :

  • celui qui surprend : 43 % des 0-2 ans utilisent internet selon les parents.
  • celui qui alerte : 26 % des 0-2 ans regardent des vidéos de courte durée (films ou séries TV).
  • celui qui interroge : 5 % des enfants, toute tranche d’âge confondue, déclarent avoir été victimes de cyber harcèlement.
  • celui qui interpelle : 46 % des parents ne se sentent pas suffisamment accompagnés sur ces sujets.

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* Journée internationale pour un Internet plus sûr.
** Étude réalisée auprès des parents et des enfants (entre 7 et 17 ans).
*** Socio-anthropologue de l’adolescence, maître de conférences à l’Université de Pau, membre de l’Observatoire Jeunes et Société du Québec.